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Le Justicier de Shanghai

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les avis de Cinemasie

6 critiques: 4.04/5

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35 critiques: 3.95/5



François 4.5 Un des sommets du film de Kung-Fu : Chang Cheh magnifie Chen Kuan Tai et livre ...
jeffy 4.25 Je comprends mieux
Flying Marmotte 4 Un final grandiose.... A ne pas manquer !!
drélium 4 Grand chang cheh, final d’anthologie mais petit kung fu
Ordell Robbie 4 un beau récit tragique et un final killer: du grand Chang Cheh
Anel 3.5
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Un des sommets du film de Kung-Fu : Chang Cheh magnifie Chen Kuan Tai et livre un final d'anthologie

Après avoir vu ce film, je peux qualifier A Toute Epreuve de John Woo de "Boxer from Shantung du polar". En effet, difficile pour moi de trouver un film de kung-fu avec plus de combats que celui-ci, plus de sang, plus de face à face 1 contre 10, 20 ou 30. La démesure des gun-fights de John Woo trouve ses racines dans les films de cette époque, et comment ne pas revoir les finals sanglants The Killer ou Le Syndicat du Crime 2 dans ce film où les combattants couverts de sang luttent jusqu'à la mort.

Au début, le film rappelle un peu Pour une Poignée de Dollars, avec le combattant (à la place du pistolero) qui débarque en ville et vient s'immiscer entre deux clans. Mais rapidement le film prend une autre tournure au fur et à mesure que Ma monte dans l'échelle sociale à grands coups de combats plus furieux les uns que les autres. La grande force du film est de ne pas présenter qu'une suite de combats (certes très impressionnants), mais également un scénario solide et intéressant. On n'échappe bien sûr pas à l'éternelle histoire de vengeance, mais elle ne constitue pas le noyau du film, ce qui est assez rare pour un kung-fu. Le film dépasse les deux heures, ce qui permet de développer l'histoire et de faire monter les combats en puissance au fur et à mesure.

Chen Kuan-Tai est assez impressionnant, dans un style de kung-fu bien classique (relativement différent de celui que Bruce Lee imposait à la même époque), mais néanmoins très violent. Chen utilise peu ses jambes mais plutôt des frappes aux poings dans son style assez particulier. S'il n'atteint pas la puissance de Bruce Lee, son charisme et son énergie fonctionnent à merveille. Les combats sont très nombreux et souvent très déséquilibrés (quinze sbires avec des machettes et des couteaux face à Ma tout seul étant le minimum syndical). C'est ce qui rend les combats impressionnant à défaut d'etre spectaculaires. Mais le final est à ce titre hallucinant, avec Ma qui se bat une bonne partie du temps avec une machette plantée dans l'abdomen, contre environ 80 adversaires ! Cette scène fait à elle seule passer le film dans une autre dimension. Il s'agit probablement de la scène de combat la plus dramatique que j'ai vue jusqu'à présent. Comme c'est ce qui manque le plus au film d'arts martiaux, Boxer From Shantung entre immédiatemment dans les films cultes du genre pour moi.

L'interprétation de Chen est également convainquante pour les scènes sans combats. Il fait parfaitement passer son désir de joindre la même élite que le personnage interprété par David Chiang. Cet acteur a du charisme, et c'est nécessaire pour interpréter Ma Yung Chen. Car Ma va passer par plusieurs stades, du désir à sa réalisation, avant de se rendre compte d'où il va.

Chang Cheh sert une réalisation qui met en valeur les combats grâce à des plans très longs. Il utilise également quelques ralentis pour les chutes, et joue très bien sur les expressions des visages. Je pense que c'est le premier Chang Cheh que je vois, et si son style est assez classique (comparé à celui d'un Tsui Hark ou un John Woo qui sont ses plus grands héritiers), il faut bien se rappeler que le film a presque 30 ans. Certaines scènes de montée en tension sont magnifiques, et les combats sont très bien filmés, ce qui est absolument nécessaire dans un film qui en comporte autant.

Chen Kuan-Tai aurait probablement connu une autre carrière si Bruce Lee n'avait pas imposé un nouveau style de kung-fu qui allait conquérir le monde dans les années 70. Il a néanmoins tourné d'autres films avec Chang Cheh, mais n'aura jamais connu la reconnaissance internationale. Raison de plus pour savourer un film comme Boxer From Shantung, bien qu'il soit difficile de le trouver. J'ai eu la chance de tomber dessus en Angleterre, et j'étais encore plus étonné que ce soit Canal+ Image qui le distribue avec Warner. Pourquoi le film n'est-il pas disponible en France ? Grand mystère...

A noter également un titre français parfaitement ridicule et symptomatique des pratiques de l'époque.



26 mai 2001
par François




Je comprends mieux

Pendant les 3/4 du film je me suis demandé pourquoi il avait une telle réputation. Comparativement Hero était quand même plus efficace et plus rythmé. Mais la réponse je l'ai eu dans les 20 dernières minutes: peut-être le final le plus grandiose que j'ai vu. Il avait des choses sur le coeur Chang Cheh pour lacher un truc pareil! Et Chen Kuan Tai m'a simplement bluffé par sa presence à l'écran, réellement impressionant. Voilà maintenant je comprends le pourquoi de la réputation du film, et je ne peux que dire: c'est justifié.

26 juin 2004
par jeffy




Grand chang cheh, final d’anthologie mais petit kung fu

Grand Chang cheh

Impossible de ne pas comparer boxer from shantung à son prédécesseur Vengeance. Même ambiance urbaine, même époque quasiment, même attirance vers une scène finale saignante, héroïque et dramatique, même violence, enjeux proches. La grande différence vient du coeur du film qui développe une histoire plus complète avec un personnage principal qui est un champion de kung fu et non un tueur ivre de vengeance. On y trouve de nombreux échos avec Scarface, la montée puis la chute d’un homme trop sûr de lui, mais avec un fond bien meilleur que Tony Montana. La contradiction bien/mal du personnage et ses aspirations matérielles mais aussi spirituelles font tout le sel de l'affaire. Le scénario reste tout de même dans le tout classique avec son lot d'attraction / répulsions bien solide, mais le casting assure le divertissement et la réalisation reste toujours nerveuse et maîtrisée aidé par un budget très confortable. Scénarisé par Chang Cheh mais réalisé en grande partie par Pao Hsieh Li, ce coeur de métrage est tout de même plus conventionnel que les Chang Cheh les plus libérés. Néanmoins, Pao Hsieh Li colle parfaitement au scénario voulu par l'ogre et garde la bonne touche nerveuse de ses films de genre.

Côté acteurs, Chen Kwan Tai tient son plus grand rôle, son plus important aussi, et il le prend manifestement à coeur. David Chiang bien que peu présent assure toujours son effet "branleur blanc bec". D’autres encore, méchants bien connus comme Ku Feng, apportent la touche détestable indispensable, et Ching Li est encore une fois excellente, forte, sensible, peut-être la plus convaincante des femmes présentes dans les films de Chang Cheh. Notons aussi une des premières apparitions furtives de Yen shi Kwan (qui affronte le catcheur russe), ainsi que Fung Hak On en conducteur de la cariole de David Chiang.

Final d’anthologie

Depuis le temps que j’entend parler de ce final et même après avoir dégusté celui de Vengeance !, il reste indéniablement le plus furibon, le plus dramatique et le plus sanglant de tous (quoique...). Un véritable morceau de bravoure. Même configuration que Vengeance là encore : une montée en tension sublime dans un salon de thé à deux étages (pour les sauts bien sûr) avec un grand escalier, accessoire d'une importance spatiale capitale, un héros avec une hache dans le bide (c’était un couteau dans Vengeance et dans Blood brothers aussi d'ailleurs) contre une cinquantaine d'énervés. Ajoutons un autre combat en masse à l’extérieur au même moment et tout aussi sanglant. Un grand final à mort définitivement légendaire.

Mais petit kung fu malgré tout

Ce qui n’était pas génant dans Vengeance le devient beaucoup plus dans Boxer. Vengeance tablait avant tout sur le combat sans règle ni technique à coups de tatanes et de couteaux. Or ici, Chen Kwan tai est un maître dans le style "conquête du tigre", un style assez bourrin, pas élégant pour deux sous, à base de gros coups de poings secs et sans amplitude. Liu Chia Liang, Tong Gaai, Lau Kar Wing et Chan Chuen sont aux chorégraphies, autant dire la crême de l'époque, et Chang Cheh est derrière la caméra assisté de Pao Hsie Li et du tout jeune John Woo. Les chorégraphies sont donc très bien mises en place et superbement violentes mais le niveau martial reste assez décevant surtout si on le compare au concurrent direct, Bruce Lee. Sans vouloir jeter la pierre à Chen Kwan Tai qui est un véritable champion de boxe chinoise et se déchire littéralement dans le final, le hung fist n'est pas ce qu'il y a de plus cinématographique et l'envie évidente de coller au style expéditif de Bruce Lee n'est pas des plus heureuse. Heureusement sont ajoutées des lames et des machettes bien tranchantes qui permettent aussi au final d'exploser. Hypothèse très personnelle, ce film montre peut-être que ces immenses chorégraphes étaient tout de même bien plus créatifs en kung fu martial qu'en hung fist expéditif, c'est à dire simples techniques de poings qui font rapidement valser l'adversaire et limitent forcément un peu le champ lexical martial. Le temps passé laisse pas mal voir son ouvrage. De plus, David Chiang n’a jamais semblé aussi mauvais. Bref, déception sur ce point alors qu'il constitue un atout important puisque c'est tout de même l'histoire d'un roi du kung fu.



26 janvier 2004
par drélium




un beau récit tragique et un final killer: du grand Chang Cheh

Au fond, peu importe que Boxer from Shantung ait été en grande partie réalisé par Pao Hsueh Li (Chang Cheh n'a tourné que le combat du début ainsi que la titanesque scène finale). La mise en scène est certes dans l'ensemble plus classique que lorsque Chang Cheh est totalement aux commandes mais Chang Cheh a scénarisé le film et le traitement de la violence porte sa marque. Une fois ceci dit, Boxer from Shantung a quand même sa place parmi les réussites majeures de Chang Cheh. Une des forces du film est de laisser se déployer son récit sur une durée de deux heures dix. Le scénario nous présente un Shanghaï en proie à la guerre des gangs et au profit à tout prix et il suffirait de remplacer les haches par des flingues pour obtenir un récit d'ascension/chute d'un voyou qui a été traité en abondance par le cinéma américain.

La première chose fascinante du film est le personnage de Ma: il incarne l'envie de s'élever au sommet en gardant la tête haute (il refuse de prendre une pièce jetée par Tan) mais est fasciné par l'arrivisme de Tan qui représente pour lui un double amélioré (il ira jusqu'à imiter sa façon de tenir une cigarette et à acheter un modèle de voiture identique une fois parvenu à son tour mais il restera toujours ridicule dans les oripeaux de Tan) et s'il dit ne combattre que par obligation chaque situation semble être un prétexte afin d'extérioriser sa rage et la déchaîner contre une dizaine, une vingtaine, une trentaine de combattants qui repartent tous en sang. Homme d'honneur et fureur cohabitent en lui. Et même s'il incarne un parrain humain (il laisse aux commerçants des délais pour payer leur tribut car il comprend leurs difficultés financières et donnera de l'argent à son frère pour qu'il fuit le pays et se crée une vie stable). Ma incarne un élément perturbateur de la guerre des gangs car il refuse de se laisser amadouer financièrement et de porter allégeance à un quelconque des deux gangs. Il se pose là en bloc de violence irrécupérable.

Si les chorégraphies martiales du film sont classiques, le traitement de la violence l'est moins: Boxer from Shantung ne lésine pas sur l'hémoglobine et sa violence n'a rien à envier à celle d'un Peckinpah de l'époque. Pour ce qui est de la mise en scène, elle marque par son attention aux détails: d'un coup, elle se décentre des combats martiaux afin d'annoncer un personnage (le gros plan sur une cigarette qui prépare l'entrée en scène de Tan) ou de montrer ce qui se manigance en sous-main (la collecte de l'argent et les bagarres organisées par les gangs au cours des combats contre le lutteur eropéen). Le gros plan sur la cigarette est repris plus tard au cours du film afin de souligner le mimétisme Ma/Tan. L'utilisation des zooms, tic formel de l'époque, les gros plans sur les visages, ainsi que les caméras passant rapidement d'un personnage à l'autre collent parfaitement aux émotions des personnages.

Et surtout Boxer from Shantung a un final et quel final! Un final où Ma semble courir vers son destin tragique afin de venger Tan. Un final qui porte indéniablement la marque des années 70, cette décennie des héros nihilistes et de la splendeur barbare des classiques stoogiens. Car ce final est rage pure et, à l'instar du héros de Le Sabre du mal sept ans avant ou de Tony Montana dix ans après, Ma est devenu prisonnier de son délire mégalomaniaque et se sent invincible. Et c'est ce délire qui lui donne encore la force de combattre, de dépecer toujours, toujours plus de combattants (et de ce point de vue le final amplifie la démesure de figurants, de chorégraphies martiales, de combats sanglants à l'arme blanche déjà présente dans le film) afin d'atteindre l'assassin de Tan. Il faut le voir monter et remonter à chaque fois l'escalier d'abord une hache plantée dans le ventre puis dégoulinant de sang car il ne veut pas quitter ce monde avant d'avoir accompli son destin et craché tout ce qu'il avait de haine dans un geste de jouissance ultime.

Et si jusque là le jeu de Chen Kuan Tai se caractérisait par sa retenue et la richesse de sa palette de regards, les mines outrancières et les grimaces qu'il prend dans le final contiennent en germe la direction d'acteurs des classiques wooiens. David Chiang joue Tan et montre qu'il n'a pas besoin de beaucoup de scènes pour imposer un personnage, son charisme, son aisance. Seule réserve au film: l'aspect limite raciste de la scène du combat contre le lutteur européen caractéristique de pas mal de films hongkongais de l'époque (La Fureur de Vaincre en est l'exemple le plus connu). Pour le reste, c'est du grand cinéma.



22 décembre 2003
par Ordell Robbie


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